Export Credit

Le Banque Mondiale soutient Nam Theun 2

Caroline de Malet
Le figaro
April 4, 2005

Le conseil d’administration de la Banque mondiale a décidé d’apporter son soutien au financement du très controversé projet de méga-barrage hydroélectrique de Nam Theun 2 au Laos. La décision était attendue de longue date. Elle est tombée, comme prévu, en fin de semaine dernière: le conseil d’administration de la Banque mondiale a décidé d’apporter son soutien au financement du très controversé projet de méga-barrage hydroélectrique de Nam Theun 2 au Laos.

Ce barrage, dont l’exploitation doit démarrer en 2009 sur le fleuve Theun, un affluent du Mékong, au centre du Laos, a pour vocation d’exporter 90% de sa production annuelle d’électricité (1 070 MW) vers la Thaïlande. Sur un coût total de 1,4 milliard de dollars,
l’engagement de la Banque mondiale représente 270 millions de dollars, répartis entre l’Agence internationale de développement (AID) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI). Dans la foulée de ce feu vert, on s’attend à ce que la Banque asiatique de développement officialise aujourd’hui son engagement dans le projet,
suivie par la Banque européenne d’investissement, l’AFD et la Coface.

Dès que le plan de financement sera bouclé, en principe le 7 mai, la construction pourra démarrer. Pourtant, ce projet, qui doit noyer 450 km2, entraîner le déplacement de 6 200 personnes et affecter le mode de vie de 100 000 habitants au total, est extrêmement critiqué par les organisations de défense de l’environnement. Ces dernières se félicitent d’ailleurs du fait que les Etats-Unis se soient abstenus lors du vote du projet à la Banque mondiale, en raison des conséquences environnementales et des risques macro-économiques que présente ce dernier. EDF, leader du projet, a par ailleurs fait l’objet d’une
plainte pour violation potentielle des principes de l’OCDE. Le Laos a un besoin désespéré de développement, mais ce projet est tellement risqué et complexe qu’il est peu probable qu’il bénéficie aux populations pauvres, regrette Sébastien Godinot des AMIS DE LA TERRE.
On nous parle d’aubaine pour le développement économique du Laos, mais le budget du gouvernement n’enflera guère de plus de 3 à 5% grâce à ce projet, surenchérit Shannon Lawrence, de l’ONG américaine Environmental Defense. De fait, tant que le projet n’est pas amorti, il devrait rapporter 20 à 30 millions par an pendant dix ans au gouvernement
laotien, ce montant devant augmenter par la suite pour atteindre environ 120 millions de dollars en 2030. Cette décision revêt un caractère hautement symbolique, dans la mesure où elle ressemble à un revirement stratégique pour la Banque mondiale. L’institution
financière mondiale n’avait plus financé aucun projet d’infrastructure d’une telle ampleur depuis plus de dix ans. Cette décision illustre sa nouvelle stratégie grands risques, grands bénéfices, décidée en 2003, pour justifier son retour sur ce terrain. Reste à savoir si celle-ci va dans le sens des recommandations rendues par la Commission mondiale des barrages en 2000, qui mettait en garde contre les lourdes conséquences des grands barrages dans les pays en développement.

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